Mort du philosophe Jacques Derrida

Mort du philosophe Jacques Derrida



samedi 09 octobre 2004 (Reuters - 20:17)




PARIS - L'un des philosophe français les plus connus à l'étranger,
notamment aux Etats-Unis, Jacques Derrida est mort dans la nuit de vendredi à
samedi à l'âge de 74 ans, semble-t-il des suites d'un cancer du pancréas.

Le président Jacques Chirac a déclaré dans un communiqué qu'il avait appris
"avec tristesse" la disparition "d'une des figures majeures de la vie
intellectuelle de notre temps".

"Jacques Derrida était lu, admiré, traduit, publié, enseigné et discuté
dans le monde entier", écrit le chef de l'Etat. "Il restera comme un inventeur,
un découvreur, un maître d'une extraordinaire fécondité."

Né le 15 juillet 1930 à El Biar, en Algérie, il était entré au début des
années 1950 à l'Ecole normale supérieure de Paris, où il fait alors connaissance
de Louis Althusser, également né en Algérie, qui deviendra plus tard son collègue
à l'ENS en tant que philosophe marxiste.

Assistant à l'université américaine de Harvard, puis à la Sorbonne, à
Paris, Jacques Derrida revient à l'ENS comme professeur de philosophie. Il
enseignera plus tard, à l'Ecole des hautes études en sciences sociales.

Partageant son enseignement Entre paris et des universités américaines, il
nourrit la même passion pour la pensée grecque et la pensée juive, la philosophie
et la poésie.

Auteur de nombreux livres, il conçoit la philosophie comme une lecture
critique des textes, développe un mode de pensée dit de la "déconstruction" et
tente une synthèse entre psychanalyse, marxisme et pensée heideggérienne.

"Il n'aura eu de cesse d'embrasser et d'interroger la tradition occidentale
dans la diversité de ses sources", souligne Jacques Chirac dans son communiqué.
"Par ses travaux, il cherchait à retrouver le geste libre qui est à l'origine de
toute pensée."

Jacques Derrida a eu un fils avec la philosophe Sylviane Agacinski,
aujourd'hui épouse de l'ancien Premier ministre socialiste, Lionel Jospin. Il
avait été membre du comité de soutien de ce dernier lors de l'élection
présidentielle de 1995.

Dans une récente interview au Monde, il avait admis être "assez
dangereusement malade" et "à l'épreuve d'un traitement redoutable".

"Apprendre à vivre, cela devrait signifier apprendre à mourir, à prendre en
compte, pour l'accepter, la mortalité absolue, sans salut, ni résurrection ni
rédemption", estimait-il alors. "Depuis Platon, c'est la vieille injonction
philosophique : philosopher, c'est apprendre à mourir."

"Je crois à cette vérité sans m'y rendre", ajoutait-il cependant. "De moins
en moins. Je n'ai pas appris à l'accepter, la mort."


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