Re: French text of English preface part 1

merci pour le texte, c'est tres gentil

Atefeh




At 05:55 AM 3/15/96, you wrote:
>Received: from jefferson.village.Virginia.EDU by wigate.nic.wisc.edu;
> Fri, 15 Mar 96 05:55 CDT
>Received: (from daemon@localhost) by jefferson.village.Virginia.EDU
> (8.7.1/8.6.6) id CAA69571 for foucault-outgoing;
> Fri, 15 Mar 1996 02:30:15 -0500
>Received: from orion.sfsu.edu (dallums@xxxxxxxxxxxxxx [130.212.10.236])
> by jefferson.village.Virginia.EDU (8.7.1/8.6.6)
> with ESMTP id CAA126142 for <foucault@xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx>;
> Fri, 15 Mar 1996 02:30:09 -0500
>Received: (from dallums@localhost) by orion.sfsu.edu (8.7.1/8.7.1)
> id XAA03065; Thu, 14 Mar 1996 23:30:05 -0800 (PST)
>Message-Id: <Pine.SOL.3.91.960314222758.16083H-100000@orion>
>Date: Thu, 14 Mar 1996 23:30:04 -0800 (PST)
>From: DERRICK ALLUMS <dallums@xxxxxxxx>
>Reply-To: foucault@xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
>Sender: owner-foucault@xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
>Subject: Re: French text of English preface part 1
>To: foucault@xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
>CC: foucault@xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
>X-Sender: dallums@orion
>In-Reply-To: <Pine.SOL.3.91.960314204118.16083C-100000@orion>
>MIME-Version: 1.0
>Content-Type: TEXT/PLAIN; charset=US-ASCII
>Precedence: bulk
>
> Preface a l'edition anglaise
>
> Il faudrait peut-etre intituler cette preface "mode d'emploi."
>Non qu'a mes yeux le lecteur ne soit pas digne de confiance --libre a
>lui, bien entendu, de faire ce qu'il veut du livre qu'il a eu l'amabilite
>de lire. Quel droit ai-je donc de suggerer qu'on fasse de ce livre un
>usage plutot qu'un autre? De nombreuses choses, alors que je l'ecrivais,
>n'etaient pas claires pour moi: certaines semblaient trop evidentes,
>d'autres, trop obscures. Je me suis donc dit: voice comment mon lecteur
>ideal aurait aborde mon livre si mes intentions avaient ete plus claires
>et mon projet mieux a meme de prendre forme.
> 1) Il reconnaitrait qu'il s'agit la d'une etude dans un champ
>relativement neglige. En France, au moins, l'histoire de la science et
>de la pensee cede le pas aun mathematiques, a la cosmologie et a la
>physique --sciences nobles, sciences rigoureuses, sciences du necessaire,
>toutes proches de la philosphie: on peut lire, dans leur histoire,
>l'emergence quasi ininterrompue de la verite et de la raison pure. Mais
>on considere les autres disciplines --celles, par exemple, que concernent
>les etres vivants, les langues ou les faits economiques-- comme trop
>teintees de la pensee empirique, trop exposses aux caprices du hasard ou
>des figures de la rhetorique, aux traditions seculaires et aux evenements
>exterieurs, pour qu'on leur suppose une histoire autre qu'irreguliere.
>On attend d'elles, tout au plus, qu'elles temoignent d'un etat d'esprit,
>d'une mode intellectuelle, d'un melange d'archaisme et de supputation
>hardie, d'intuition et d'aveuglement. Et si le savoir empirique, a une
>epoque et dans une culture donnees, possedait effectivement une
>regularite bien definie? Si la possibilite meme d'enregistrer des faits,
>de s'en laisser convaincre, de les gauchir en traditions ou d'en faire un
>usage purement speculatif, si meme cela n'etait pas soumis au hasard? Si
>les erreurs (et les verites), la pratique des vieilles croyances --au
>nombre desquelles comptent non seulement les vraies decouvertes, mais
>aussi les idees les plus naives-- si tout celas obeissait, a un moment
>donne, aux lois d'un certain code de savoir? Si, en bref, l'histoire du
>savoir non formalise possedait elle-meme un systeme? Telle a ete mon
>hypothese de depart --le premier risque que j'ai pris.
> 2) Ce livre doit etre lu comme une etude comparee, et non comme
>une etude symptomatologique. Mon intention n'a pas ete, a partir d'un
>type particulier de savoir ou d'un corpus d'idees, de brosser le
>portrait d'une periode ou de reconstituer l'esprit d'un siecle. J'ai
>voulu presenter, les uns a cotes des autres, un nombre bien precis
>d'elements --la connaissance ddes etres vivants, la connaissance des lois
>du langage et la connaissance des faits economiques-- et les relier au
>discours philosophique de leur temps, pendant une periode que s'etend du
>XVIIe au XIXe siecle. Cela ne devait pas etre une analyse du classicisme
>en general ou la recherche d'une Welanschauung, mais une etude
>strictement "regionale" (note: j'utilise parfois des termes comme
>"pensee" ou "science classique" mais ils revoient presque toujours a la
>discipline particuliere que est examinee.)
> Mais, entre autres choses, cette methodes comparative produit des
>reultats qui sont souvent etonnamment differents de ceux que livrent les
>etudes unidisciplinaires. (Le lecteur ne doit donc pas s'attendre a
>trouver ic i juxtaposees une histoire de la biologie, une historie de la
>linguistique, une histoire de l'economie plitique et une histoire de la
>phiolosophie.) Certaines choses ont pris le pas sur d'autres: le
>calendrier des saints et des heros a ete quelque peu modifie (une place
>plus grande est faite a Linne qu'a Buffon, a Desctrutt de Tracy qu'a
>Rousseau; Cantillon a lui seul s'oppose a tous les physiocrates." Les
>frontieres ont ete redessinees, des rapprochements operes entre choses
>habituellement distinctes., et inversement: au lieu de relier les
>taxinomies biologique a un autre savoir concernant l'etre vivant (la
>theorie de la germination, ou la physiologie du mouvemnt animal, ou
>encore la statique des plantes) je les ai comparees a ce qu'on aurait pu
>dire, a la meme epoquw, des signes linguistiques, de la formation des
>idees generales, du langage d'action, de la hierarchie des besoins et de
>l'echange des marchandises.
> Cela a eu deux consequences: j'ai d'abord ete conduit a
>abandonner les grandes classifications qui nous sont a tous, aujourd'hui,
>familieres. Je ne suis pas alle chercher, dans le XVIIe et dans le
>XVIIIe siecle, les commencements de la biologie du XIXe (ou de la
>philosophie, ou de l'economie). Mais, j'ai vu l'emergence de figures
>propres a l'age classiqe: une "taxinomie" ou une "histoire naturelle"
>relativement peu contaminee par le savoir qui existait alors dans la
>physiologie animale ou vegetale; une "analyse des richesses" qui se
>souciait peu des postulats de "l'arthmetique politique" qui lui etait
>contemporaine; enfin, une "grammaire generale" qui n'avait riend de
>commun avec les analyses historiques et les travaux d'exegese que l'on
>poursuivait simultanement. Il s'agissait, en fait, de figures
>epistemologiques qui n'etaient pas surimposees aux sciences telles
>qu'elles furent individualisees et nommees au XIX siecle. J'ai vu aussi
>l'emergence, entre ces differentes figures, d'un reseau d'analogies
>transcendant les proximites tradionnelles: entre la classification des
>plantes et la theorie de la frappes des monnaies, entre la notion de
>caractere generique et l'analyse des echanges commerciaux, on trouve,
>dans les sciences de l'epoque classique, des isomorphismes que semblent
>faire fi de l'extreme diversite des objets consideres. L'espace du
>savoir, a l'age clasique, est organise d'une maiere entierement
>differente de celle, systematisee par Comte ou Spencer, qui domine le
>XIXe siecle. C'est la le second risque que j'ai pris: avoir coise de
>decrire non pas tant la genese de nos sciences qu'un espace
>epistemologique propre a une periode particuliere.
> 3) En consequence, je n'ai pas opere au niveau qui est
>habituellent celui de l'historien des sciences --je devrais dire qux deux
>niveaux qui sont habituellent des siens. D'un cote, en effet, l'histoire
>de la science retrace le progres des decouvertes, la formulation des
>problemes, enregistre le tumulte des controverses; elle analyse aussi les
>theories dans leur economie interne; bref, elle decrit les processus et
>les produits de la conscience scientifique. De l'autre cote, cependant,
>elle tente de restituer ce qui a echappe a cette conscience: les
>influences qui l'ont marquee, les philosophies implicites qui la
>sous-tendent, les thematiques non formulees, les obstacles invisibles;
>elle decrit l'inconscient de la science. Cet inconscient est toujours le
>versant negatif de la science --ce qui lui resiste, la fait devier ou la
>trouble. Je voudrais, quant a moi, mettre au jour un inconscient positif
>du savoir: un niveau qui echappe a la conscience du chercheur, et
>pourtant fait parie du discours scientifique, au lieu qu'il conteste sa
>validite et cherche a amoindrir sa nature scientifique. Ce qu l'histoire
>naturelle, l'economie et la grammaire de l'epoque classique avaient en
>commun n'etait certainement pas present a la conscience du scientifique;
>ou alors, la part de conscience etait superficielle, limitee, et presque
>de pure fantaisie (Adanson, par exemple, revait d'etablir une
>denomination artificielle des plantes; Turgot comparait la frappe des
>monnaies au langage); mais, sans qu'ils en eussent conscience, les
>naturalistes, les economistes et les grammairiens utilisaient les memes
>regles pour definir les objets propres a leur champ d'etude, pour former
>leurs concepts, construire leurs theories. Ce sont ces regles de
>formation, qui n'eurent jamais de formulation distincte et ne se
>percoivent qu'a travers des theories, des concepts et des objets d'etude
>extremement differents, que j'ai essaye de mettre au jour, enisolant,
>comme leur lieu scientifique, un niveau que j'ai appele, peut-etre de
>maniere un peu arbitre, archeologique. En prenant comme exemple la
>periode couverte par ce livre, j'ai essaye de determiner le fondement ou
>systeme archeologique commun a toute une serie de "representations" ou de
>"produits" scientifiques disperses a travers l'histoire naturelle,
>l'economie et la philosophie de l'age classique.
>------------------------------------------------------------------
> C'est tout que niveau de mon courage me permet d'entrer pour l'instant.
>Je continue demain.
>
>Ciao,
>dda
>


------------------

Partial thread listing: