J.G. cherche, ou recherche, ou voudrait decouvrir, ne le
jamais deouvrir le delicieux ennemie tres desarme, dont l'equilibre est
instable, le profil incertain, la face inadmissible,l'ennemie qu'un
souffle casse, l'esclave deja humilie, se jetant lui-meme par la fenetre sur un
signe, l'ennemi vaincu: aveugle, sourd, muet. Sans bras, sans jambes
sans ventres, sans coeur, sans sexe, sans tete, en somme un ennemie complet,
portant sur lui deja toutes les marques de ma bestialite qui n'aurait plus
- trop parasseuse -- a s'exercer. Je voudrais l'ennemie total, qui me
hairait sans mesure et dans toute sa spontaneite, mais l'ennemie soumis,
vanincu par moi avant de me connaitre. Et irreconciliable avec moi en tous
cas. Pas d'amis. Surtout pas d'amis: un ennemi declare mais non dechire.
Net, sans faille. De quelle couleurs? Du vert tres tendre comme une cerise
au violet effervescent. Sa taille? Entre nous, qu'ils se presente a moi
d'homme a homme. Pas d'amis. Je cherche un ennemi defaillant, venant a la
capitulation. JE lui donnerai tout ce que je pourrai: des claques, des
gifles, des coups de pied, je le ferai mordre par des renards affames,
manger la nourriture anglaise, assister a la Chambre des Lords, etre recu
a Buckingham Palace, baiser le Prince Philip, se faire baiser par lui,
vivre un mois a Londres, se vetir comme moi, dormir a ma place, vivre a ma
place: je cherche l'ennemi declare.
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J G 1970 Tanger